Quand peut-on dire que c’est Pâques dans notre vie et quel est son message pour nous ? Lorsque nous passons de la mort à la vie, de l’esclavage à la liberté, de la haine à l’amour, du désir de vengeance à celui du pardon, de la tristesse à la joie, de l’orgueil à l’humilité, de la possession maladive à la dépossession libératrice, du deuil à la fête, de la déprime à l’enthousiasme fondé, de la maladie à la santé, du conflit à la réconciliation, du découragement à l’espérance, l’on peut dire que c’est Pâques pour nous. Car on a là des indices qui montrent que la résurrection du Christ est déjà effective dans notre vie, qu’il n’est pas ressuscité uniquement pour lui mais aussi pour nous. Ainsi donc nous pouvons dire que la Bonne nouvelle de Pâques est de nous dire que rien n’est jamais foutu totalement, que tout ce qui est porteur du mal, de la mort sera vaincu, n’aura jamais le dernier mot. Pâques est un message d’espérance.
Mais Pâques est aussi un message d’amour ! Car Jésus Christ est ressuscité pour les mêmes raisons qu’il s’est fait homme et qu’il est mort : par amour pour nous. « Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique afin que tout homme qui croit ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn «3, 16) ; « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13) ; «Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie » (Jn 6, 51) ; Saint Paul ne dit pas autre chose : la preuve de l’amour de Dieu est que le Christ « est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5, 8)
Pâques est enfin un message de foi. Aucune démonstration scientifique de la résurrection du Christ, aucun enregistrement, aucun CD, aucun DVD ! Nous croyons grâce au témoignage de foi de ceux qui ont rencontré le ressuscité, ont mangé avec lui, l’ont expérimenté dans la force de son Esprit. Ce sont ceux-là mêmes qui l’avaient trahi et nié, que l’Esprit du Ressuscité a requinqués, regonflés, au point qu’ils disent par la bouche de Pierre : « Dieu l’a ressuscité des morts le troisième jour. Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts ». Et pourtant c’est la foi en cette résurrection qui est le fondement de notre espérance et de notre salut : « Si de ta bouche tu confesses que Jésus est Seigneur et si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. » (Rm 10, 9). S’adressant aux Corinthiens qui avaient du mal à croire à la résurrection, Paul leur dit : « Je vous rappelle l’évangile que j’ai reçu : « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité selon les Écritures. Il est apparu à Cephas…Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, vide aussi notre foi…Si nous avons mis notre espérance en cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui sont morts. ..Mort où est ta victoire, où est ton aiguillon ? » (1 Cor 15)
Qu’implique la résurrection pour nous ? De travailler à notre Pâques et à celle des autres : travailler à leur libération, à leur épanouissement, à leur bonheur, nous donner totalement pour Dieu en nous donnant pour l’homme, travailler à l’approfondissement de notre foi, de notre espérance et de notre charité, en nous investissant pour que la mort, la souffrance, la haine, la violence, la vengeance, la solitude, la misère, la maladie, le virus… soient vaincus en nous et autour de nous. Ainsi le Christ deviendra le centre de notre vie au point que nous pourrons dire avec saint Paul « Avec le Christ je suis un crucifié ; je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. » Ga 2, 20)