MÉDITATION POUR LE CINQUIÈME DIMANCHE DE PÂQUES, ANNÉE A

Classé dans : COVID-19, Liturgie | 0

Dimanche 10 mai 2020. 5° dimanche de Pâques.

« Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? ». Thomas, lui au moins, il est clair. Cette question qu’il se pose, on peut imaginer que les autres disciples se la posent aussi. Mais lui, il l’exprime.

 
Et je trouve que cette interrogation de Thomas, qui se pose dans un moment d’inquiétude pour les disciples (et il y a de quoi…) trouve un écho dans les questions que nous sommes nombreux à nous poser ces temps-ci. Nous ne savons même pas ou tout ça va aboutir. Comment pourrions-nous savoir le chemin à suivre dans ce contexte ? Plein d’idées, de thèses, de recherches, d’infos, vraies ou fausses. On fait comment pour être sûrs de ce qui va se passer ? Ce qui, d’ailleurs, n’est jamais possible ! On va commencer le déconfinement. Oui … Mais concrètement, ça veut dire quoi ?… 

 

Mais Jésus répond à Thomas : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va vers le Père sans passer par moi. » Thomas, regarde-moi. Au milieu des tourments et des inquiétudes, je reste avec vous. Notre lien est fondateur. C’est lui qui nous donne du courage et de la force. Quoi qu’il arrive. C’est ça qui nous conduit les uns vers les autres, et donc vers le Père.

Là encore, l’expérience des débuts de la communauté chrétienne peut nous éclairer. Le livre des Actes des apôtres nous le raconte. Les grecs se plaignent que les veuves grecques, c’est à dire les fragiles de leur groupe, n’existent pas au regard des Juifs. Même chez eux, il y a les oubliées. Qui pourtant sont là aussi. Et, comme tout le monde, peut-être même plus que tout le monde, attendent un partage juste et une reconnaissance juste dans « le service quotidien ». C’est à partir de cette prise de conscience que les amis de Jésus inventent cette mission confiée à sept d’entre eux d’avoir la charge de faire attention au service équitable et à la reconnaissance de tous et toutes. C’est là que le service du diaconat trouve ses racines.

 
Et là encore, cette situation de tension que nous rapporte les livre des Actes des Apôtres ne trouve-telle pas un écho dans ce que nous traversons ? Heureusement qu’il y a ceux et celles qui applaudissent tous les soirs. Cela dit qu’ils ont pris conscience de l’engagement de plein de gens dont personne ne parlait avant. Et même les médias font plein de reportages pour mettre en valeur des ignorés habituels : l’éboueur, le facteur, l’assistante de l’EPHAD, la mère seule avec ses enfants, ceux qui font le ménage dans les entreprises quand tout le monde est rentré chez soi, les sans-abris qui vivent dans la rue, et auxquels les membres d’associations continuent à distribuer des repas, les sans-papiers qui sont employés au black pour compenser le chômage partiel des autres… Je vous laisse le soin de continuer la liste.

 

L’apôtre Pierre nous le rappelle : « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ». Si Jésus est « la pierre vivante rejetées par les hommes », il devient, pour son Père, « la pierre d’angle » pour construire l’édifice. Et nous sommes nous aussi, « comme des pierres vivantes », invités à entrer « dans la construction de la demeure spirituelle, agréable à Dieu, par Jésus Christ. » A chacun de nous aujourd’hui d’être de ces acteurs. De faire le travail. De participer à l’édifice.

Je trouve incroyable de voir comment, dans ce temps de Pâques 2020, nous trouvons un écho entre l’expérience et le témoignage des disciples et la nôtre. Vous me direz : nous aussi nous sommes disciples, dans le monde d’aujourd’hui. Avec cette certitude exprimée par Jésus : « Celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais ». Il parle aussi de nous !

 

Il est, lui, « le chemin, la vérité et la vie ». Regardons-le vivre. Ecoutons ses paroles. Prenons le même chemin. Cela nous mènera à la vérité dans nos existences. Et fera de nous des vivants, dans l’amour. La suggestion de Jésus est simple à entendre : la fraternité, c’est son chemin, et donc le nôtre, pour connaitre son Père et notre Père ! Reste à en vivre concrètement … Et à remercier le Père, et les frères et sœurs, pour ceux qui aujourd’hui l’incarnent concrètement.

Olivier Morand