Secteur Pastoral du Val d’Orge
33ème dimanche temps ordinaire année A, 15 novembre 2020
Pistes de réflexions et d’échanges :
Voici une parabole un tantinet « usée » … car utilisée voire surexploitée avec le jeu de mot des talents : la monnaie au temps de Jésus, d’une part, et les dons que nous avons reçus, à faire fructifier. Certes ; comment ne pas penser à ce magnifique appel dans la 1ère lettre de Pierre (1P4,10-11) : « Ce que chacun de vous a reçu comme don de la grâce, mettez-le au service des autres, en bons gérants de la grâce de Dieu qui est si diverse ». Mais je vous propose aujourd’hui de traverser cette parabole d’une autre manière, à travers trois de ses mots clefs.
1 JOIE !
« Entre dans la joie de ton maitre ! ». Tel est le désir, le dessein de Dieu, que nous entrions dans sa joie ; la joie de Dieu, c’est ce que nous connaissons au plus profond de nous, ce que nous goûtons lorsque nous posons ou accueillons un acte d’amour, de don ou de pardon… La paix durable qui est en nous en est un signe. Je pense que c’est cette dignité que les bénévoles du Secours Catholique veulent donner aux personnes qu’ils accompagnent, en les aidant à devenir acteurs de leurs vies et à se mettre eux-mêmes au service les uns des autres.
On peut noter que l’homme qui a fait fructifier les 5 talents est désigné ensuite par le maitre comme « celui qui en a dix » : Dieu ne retire pas cette joie, elle n’est pas divisée entre lui et nous mais multipliée.
ET POUR MOI ? POUR TOI ? que veut dire « entrer dans, prendre part à la joie de Dieu » ?
2 PEUR…
« J’ai eu peur » Pourquoi avoir peur de Dieu ? Puisqu’il nous sollicite, nous confie « à chacun selon nos capacités ».
Mais du fond de moi montent ces questions : « où veux-tu m’emmener ? » « j’ai peur de tirer la paille la plus courte »… « qu’est ce que tu vas encore me demander ? » « je voudrais être sûr du résultat »…
J’ai peur et je me méprends sur le désir de Dieu… comme s’il donnait les ordres de loin, pour faire « tourner son affaire », ou pour que « je puisse mériter son amour ».
ET POUR MOI ? POUR TOI ? quelles sont ces situations où je sens bien que le Seigneur m’appelle à « me jeter à l’eau » … mais j’appréhende… j’oublie qu’il m’y précède et fera la traversée avec moi…
Ainsi, nous pouvons, par peur, nous priver d’oser vivre ce qui nous ferait entrer dans la joie de Dieu… à moins que nous laissions place à la…
3 CONFIANCE…
« Il leur confia ses biens » … « tu t’es montré digne de confiance » … c’est Dieu le premier qui nous fait confiance, tels que nous sommes, et non tels que nous nous rêverions… et je peux répondre à cette confiance par la confiance… plutôt que par la peur…
Est-ce que ça vaut le coup que je me risque à la suite du Christ, qui s’est donné totalement ?
Me risquer à être bousculé… parce que je lui ouvre mon cœur dans la prière, ou à l’écoute de Sa Parole, ou par une formation… Ou parce que j’ose la rencontre avec un frère différent… parfois celui que je crois aider, mais qui m’apprends lui-même ce que c’est que la vie (là encore des bénévoles du Secours Catholique en témoigneraient !) … Ou parce que j’accepte de me remettre en question moi aussi, quand je suis en conflit avec une autre personne… ou parce que j’ose m’exposer en prenant la parole, en acceptant telle mission… même si je sais bien que ça ne sera pas « parfait » …
Oui vraiment, vivre et aimer à la suite du Christ, c’est me risquer, c’est me jeter à l’eau ! C’est une aventure qui ne peut se vivre que dans la confiance, et qui nous donne d’entrer dans la joie de Dieu.
Notre vie est tissée de multiples aventures, personnelles et collectives (à commencer par celle d’un couple, qui s’engage dans la confiance !). Et depuis le 4 octobre, nous avons tous été appelés à vivre une aventure, nous l’Eglise qui est en Essonne : le 4ème synode.
Aventure de la relecture de nos propres vie et chemins dans la foi, aventure de l’écoute, de l’accueil de la parole de l’autre et de son chemin, pour nourrir notre désir de témoigner de cette confiance que Dieu nous fait. (1ère rencontre)
Aventure de l’attention au frère, saisis de compassion, tel le bon Samaritain (2ème rencontre)
Aventure de réinterroger nos modes de vie en découvrant à quels points sont liés l’avenir de la terre « que nous empruntons à nos enfants », et la justice dans les rapports entre les hommes (3ème rencontre)
Aventure pour réapprendre sans cesse à vivre en Eglise, dans nos diversités, l’ouverture, une bonne organisation qui ne soit pas de la bureaucratie, … (4ème rencontre)
Bref, une aventure pour conjuguer nos talents, et former une Eglise qui « évangélise en prenant soin »
(Re) prenons le temps d’entendre cet appel avec la page qui présente le synode. Voire de découvrir les pistes d’échanges et de réflexions dans le Carnet de route… Et peut-être d’inviter d’autres à se lancer en équipe… même en « visio » avec par exemple ce système (osez !) !
Et simplement, de communier, qui que nous soyons, où que nous soyons, et de nous « laisser mettre en route de l’intérieur, avec la Prière du Synode.
Osons cette aventure, en équipe, en diocèse… pour entrer dans la joie d’un Dieu qui prend soin des hommes et s’en fait connaitre ! Faisons fructifier nos expériences, nos réflexions personnelles et communautaires, pour que l’Eglise qui est en Essonne témoigne mieux de la Joie de l’Evangile !
Bertrand Delcey, prêtre du secteur