Dimanche 14 février 2021. Commentaire des textes.
Je pense que le contexte Covid nous rend plus à même de goûter l’évangile de ce jour !
En effet, comme le rappelle la 1ère lecture, le lépreux, au temps de Jésus, est tenu de se tenir à l’écart car sa maladie est contagieuse (NB : on appelle lèpre, à l’époque, un certain nombre de maladies de la peau). Et s’il ne le fait pas, d’autres s’en chargent pour lui ! Or nous sommes nombreux à avoir vécu cette expérience de « nous tenir à l’écart / d’être tenu à l’écart » parce que malades, ou cas contact… et tous, je pense, nous avons eu envie de nous tenir à distance plus (?) de tel ou tel qui semblait mal en point, ou sans masque, …
A l’écart… pour le lépreux de l’évangile, ce n’est pas l’affaire d’une semaine, d’une « quatorzaine », mais de toute une vie. Néanmoins, l’expérience de la Covid nous a fait goûter, même de très loin, le sentiment d’exclusion de cet homme.
Du coup, nous sommes à même de comprendre qu’en le guérissant, Jésus non seulement lui redonne la santé, mais aussi lui redonne une place, sa place, dans la société. D’autant plus qu’à l’époque, mal(adie) et péché étaient facilement identifiés. Ce n’est pas pour rien que la liturgie propose un psaume de repentir, en écho à cette première lecture.
Pause : Je peux quelques instants me demander quels sentiments d’exclusion je connais, j’ai connus… voire que j’ai prêtés à d’autre d’avoir sur moi-même… en projetant en fait sur eux la manière dont je me condamnais moi-même… (NB : je rencontre souvent cette situation, par exemple auprès de personnes qui ont connu un échec, une grosse déception…). Je peux aussi me demander de quels regards ou attitudes d’exclusion j’ai été acteur, complice… Ce n’est pas facile à discerner… parfois, je peux exclure des personnes à cause de « bonnes intentions ». Par exemple parce que mon perfectionnisme ou mes exigences dissuadent des personnes de coopérer avec moi ; ou parce que je ne « lâche pas facilement la main » sur telle ou telle mission… tout en regrettant ouvertement qu’on ne trouve pas d’autres volontaires… Osons regarder en vérité ces situations, sous le regard bienveillant du Christ, et les lui confier… lui qui aide chacun à (re) trouver sa juste place…
Pour finir une remarque en jouant sur deux mots. Quelle est la différence entre une idole et une icône ? (et qui n’a jamais entendu certains chrétiens reprocher à d’autres d’idolâtrer des icônes, statues, sans en saisir la nuance ?). L’idole nous « absorbe », notre mouvement va vers elle et s’arrête à elle… Alors qu’une icône, tel un index qui montre la direction, nous tourne vers ce dont elle veut être le signe…
Ainsi est St Paul, humble et non prétentieux, lorsqu’il dit « imitez moi, comme moi aussi j’imite le Christ ».
Ainsi est Jésus -Christ, qui envoie l’homme guéri vers le Temple et ses rituels, afin de manifester que c’est au Dieu de ses pères qu’il doit sa guérison : « cela sera pour les gens un témoignage »
Ce petit jeu sur les mots est un outil précieux de discernement, quant à la manière dont nous agissons, nous positionnons dans nos relations, en Église et ailleurs !
père Bertrand Delcey