4ème dimanche de Pâques, dit « du Bon Pasteur »
Savourons la Bonne Nouvelle proclamée ce dimanche : Jésus n’est pas un « exécutant » envoyé par le Père pour accomplir quelques tâches auprès de nous, tel un berger mercenaire qui n’œuvre que pour gagner sa croûte. Sa présence au milieu des hommes trouve sa source dans l’amour qu’il partage avec le Père pour l’humanité et pour chacune et chacun de nous… Autrement dit, le berger mercenaire travaille pour de l’argent, mais il ne tient pas plus que ça aux brebis. Au contraire, Jésus est prêt à donner sa vie (et il l’a fait !) pour ses brebis… pour nous ! Toute sa vie on le voit motivé du plus profond de ses entrailles, plusieurs fois nommées dans les évangiles. Ce mot est souvent traduit par l’expression « il fut saisi de pitié » et notamment dans ce verset de St Matthieu : « il fut saisi de pitié, car les foules étaient comme des brebis sans pasteur » (Mt 9,36). C’est d’ailleurs là qu’il lance cette appel « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson, car la moisson est abondante, et les ouvriers peu nombreux. »
Bref, nous comptons aux yeux de Jésus et aux yeux du Père des Cieux, ils tiennent à nous ! L’Esprit d’amour entre Jésus et son Père est ainsi tourné vers nous… (soit dit en passant, c’est cela, la Trinité !). Ce mouvement qui est en Dieu et qui vient jusqu’à nous nous met en chemin pour peu à peu lui « devenir semblables, en le voyant tel qu’il est » (cf 2ème lecture, 1 Jean 3,1-2). Telle est notre vocation à tous, manifestée dès Genèse 1,36 : nous sommes créés « à l’image et à la ressemblance de Dieu », c’est-à-dire avec un cœur capable d’aimer… Pendant notre chemin sur cette terre nous n’aurons jamais fini d’apprendre à croire que Dieu nous aime tels que nous sommes, et qu’il n’est pas fou de nous faire confiance… nous pouvons faire souvent l’expérience que lorsque son Esprit agit en nous, nous agissons un peu plus comme Lui… nous lui ressemblons davantage… C’est sans doute pour cela que Jean nous dit que, lorsque nous serons face à sa lumière, celle-ci nous changera, transfigurera complètement…
La mission de Jésus a donc été de conduire les hommes sur le chemin de la lumière divine. Et, après Lui, l’Église naissante poursuit cette mission, comme en témoigne le récit du livre des Actes des apôtres (en 1ère lecture, durant le temps pascal). Nous sommes tous appelés à prendre soin les uns des autres et nous aider ensemble à rencontrer le Seigneur. Et, parmi les baptisés, les prêtres s’engagent d’une manière particulière et consacrent (donnent) leur vie pour cette mission. Ce dimanche « du Christ bon pasteur » est traditionnellement dans l’Église celui de la réflexion et de la prière pour ce type de vocation. Leur engagement, dans l’Église et pour le monde, peut rappeler l’engagement de Jésus dont les paroles et les actes aident chacun à vivre en communion avec le Père des Cieux et ses frères et sœurs. Quitte à être parfois des « poils à gratter », venus de l’extérieur, pour éviter le repli ou le ronronnement des communautés, l’accaparement des missions par quelques-uns. Tout cela, en conscience de leurs propres limites et faiblesses !
Nos actions et notre prière (en ce dimanche notamment !) pour ces vocations se seront ajustées je crois si, tous et chacun, nous avons profondément conscience de notre vocation baptismale. Et que, chaque jour et chaque heure, là où nous sommes, nous faisons monter cette prière : à quoi m’appelles tu Seigneur ? Et si nous ne savons pas parler/témoigner simplement les uns avec les autres de notre vie comme réponse à un appel, qui se décline, prend corps chaque jour. Sinon, la « vocation presbytérale » risque fort de ne sembler être qu’une aventure individuelle pour quelques originaux un peu illuminés ou favorisés.
Une dernière réflexion : comment aider des enfants et des jeunes à prendre conscience que Dieu compte sur eux, si nous ne leur confions (presque) jamais rien, si nous ne leur faisons pas confiance ?
père Bertrand DELCEY