TCHAD, S’OUVRIR À L’AUTRE
Le vivre-ensemble est un enjeu essentiel pour le développement du Tchad. Le pays souffre depuis trente ans de fortes tensions communautaires entre les chrétiens au Sud et les musulmans au Nord. Ce clivage reste encore très présent dans la société civile et a des conséquences sur l’exploitation des terres, la gestion des ressources naturelles, la place des femmes, les violences qui leur sont faites, l’insertion des jeunes dans la société…
Depuis 2013, Le CCFD-Terre Solidaire apporte un soutien aux partenaires locaux dans le cadre du programme Paix et Vivre-ensemble qui vise à construire une paix durable en agissant sur les causes profondes des conflits. L’objectif est de rapprocher les communautés dans les territoires et de renforcer leur résilience, de construire des sociétés fraternelles basées sur des valeurs citoyennes, la reconnaissance des identités, de la richesse et de la diversité de chacun et chacune, et de promouvoir des systèmes politiques durables, démocratiques et au service des populations. Cinq partenaires (ACORD, GRAVE, APAD, KAWTAL, CSAPR) sont à l’œuvre pour construire ce projet de longue haleine.
De nouveaux acteurs et actrices
ACORD (Association de coopération et de recherche pour le développement) accompagne plus de 1 500 communautés villageoises dans la zone sahélienne tchadienne. L’objectif est d’impliquer les populations dans le développement de leur propre territoire et de faire émerger de nouveaux acteurs. Pour ce faire, l’association a encouragé la structuration des communautés rurales par collèges d’acteurs de manière démocratique (notables, femmes, agriculteurs, nomades, jeunes…) à l’échelle d’un village, puis de zones élargies. Des forums de discussion ont été initiés, des formations ont été organisées auprès de ces acteurs sur la décentralisation, la construction et le suivi de plans de développement, les pratiques agroécologiques, la gestion de conflits sur les ressources naturelles, les droits des femmes.
Favoriser le dialogue
Le Groupe de réflexion et d’animation pour le vivre-ensemble (GRAVE) agit pour la paix en favorisant le dialogue interculturel entre les communautés et entre personnes de langue et de religion différente. Diverses actions ont été mises en place au Tchad, comme l’organisation régulière de groupes de rencontre et de dialogue entre étudiants arabophones et francophones ; la formation d’imams au français et de chefs religieux chrétiens à l’arabe ; la tenue de journées de convivialité pendant lesquelles les leaders religieux sont sensibilisés au vivre-ensemble ; la création de groupes de médiateurs étudiants au sein de l’Université islamique pour prévenir les conflits ; la production d’un nouveau règlement des écoles coraniques plus favorable au vivre-ensemble… Toutes ces initiatives permettent de lutter contre les préjugés entre religions et favorisent la réconciliation. Le CSAPR représente la société civile, et souvent plus largement la société tchadienne, dans les débats politiques et de sorties de crises.
L’organisation KAWTAL œuvre pour la reconnaissance du monde nomade comme un acteur à part entière de la société. Elle organise, par exemple, des rencontres de fraternité entre les parties prenantes d’un territoire, que ce soit des leaders du monde de l’élevage, du monde paysan ou des autorités locales. Cela permet de créer un climat de confiance préalable à la gestion pacifiée du territoire et de ses ressources.