Témoignage de là-bas : Spirit in Education Movement

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Créée en 1995, l’association thaïlandaise SEM (Spirit in Education Movement) vise à former des leaders communautaires et associatifs (moines bouddhistes, responsables d’associations, représentants d’autorités locales) au développement et à accompagner la mise en place de projets pour lutter contre la pauvreté et favoriser la paix en Asie du Sud-Est. Le programme s’est d’abord développé en Thaïlande, puis s’est étendu aux pays voisins, au Laos, au Cambodge, et en Birmanie à partir de 1995. Implantée depuis des années dans la région, l’association bénéficie d’un réseau local fort pour mener à bien ses actions. Le CCFD-Terre Solidaire est partenaire de SEM en Birmanie depuis 1996.

S’adapter au conflit

Depuis le coup d’État birman en février 2021, SEM a dû adapter ses activités et son soutien aux populations. La moitié des Birmanes et Birmans vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Les personnes déplacées – plus d’un million depuis février 2021 selon les Nations unies – souffrent de pénuries alimentaires. Dans certaines zones du pays, la reprise des affrontements a rendu la culture de la terre impossible, les soldats de l’armée birmane pratiquant la tactique de la terre brûlée. Les combats bloquent les approvisionnements en produits de base, en médicaments, ainsi que les exportations, et rendent l’aide alimentaire extérieure difficile. Les prix des denrées alimentaires sont à la hausse. La faim et l’accès à l’alimentation représentent une des préoccupations humanitaires majeures dans le pays. Dans ce contexte, la formation aux pratiques agroécologiques de communautés locales birmanes par SEM montre ici toute son importance, car elle permet alimentaire sur les populations. Les communautés sont plus à même de cultiver leurs terres sans avoir recours à l’importation d’intrants chimiques. Des pratiques comme celles des jardins partagés, la culture sans pesticides, la culture et l’entretien de potagers individuels leur permettent de développer une certaine autosuffisance. SEM encourage le partage d’informations entre les bénéficiaires de ses formations afin d’enrichir la réponse de la société civile à la crise alimentaire.

Soutien politique

La guerre civile a aussi provoqué le déplacement des populations vers des zones plus sécurisées du pays. SEM apporte son soutien à ces personnes en distribuant de l’aide alimentaire dans les camps internes de déplacés. Le conflit a également contraint des Birmanes et Birmans, parmi lesquels de nombreux activistes, à l’exil en Thaïlande. L’organisation leur procure une assistance humanitaire et légale, (notamment dans les camps de migrants installés à la frontière entre les deux pays et qui ne cessent de s’agrandir), et les aide à poursuivre leurs actions à distance. SEM mène en parallèle un travail de plaidoyer en documentant et en alertant les autorités thaïlandaises sur la situation des réfugiés. Il contribue à soutenir le mouvement démocratique birman depuis la Thaïlande en alimentant les médias en informations sur la situation du pays. Faire parler de la Birmanie à l’étranger est indispensable pour exercer une pression sur la junte militaire et empêcher toute normalisation mortifère de la situation. Enfin, l’association cherche à dénoncer le financement de la junte plus ou moins indirect par des investissements d’entreprises étrangères.